Je vis et travaille à Caluire, à proximité de Lyon.

Dès l’adolescence, des rencontres essentielles font naître en moi, une double passion pour la philosophie et l’art qui ne me quitteront plus, trouvant là, une manière de questionner le monde sans jamais l’épuiser. Forte d’une formation essentiellement théorique en philosophie et en art, c’est en autodidacte que j’aborderai la pratique artistique sous toutes ses formes.

La photographie est entrée tardivement dans mon travail de création mais elle y a aujourd’hui une place prépondérante. Je me définis davantage comme plasticienne que comme photographe. Je cherche à m’émanciper d’un usage classique du médium photographique que ce soit par la recherche de nouveaux supports, de techniques hybrides, et surtout d’un nouveau rapport à la réalité. Il me plait de bousculer le réel non pas pour m’en échapper mais pour mieux le questionner. Pour moi, l’appareil photographique est un medium au même titre qu’un autre, pinceau ou  crayon. Il me permet de noter, croquer plus facilement ce que le réel me donne à voir ou plutôt résiste à me donner à voir. Glaneuse, mon regard se porte facilement sur l’infra-ordinaire, ce qui n’est plus visible à force de l’être trop. Je cherche à rendre compte du banal invisible, à débusquer les choses triviales, à les arracher de la gangue dans laquelle elles sont engluées, à les élever au rang du motif poétique. En tant que medium, l’appareil photographique est ce qui se tient entre, entre l’idée en germe et l’idée se faisant, entre le faire et son résultat. Je manipule les espaces, les sujets, les objets, je procède par collage en dissimulant au mieux les ciseaux et la colle. Mon geste relève de l’alchimie. Dès lors le medium photographique, qui est paradoxalement la technique de la mimésis, se débarrasse de la réalité crue, sans doute parce qu’en art le réel n’a d’intérêt que transfiguré. Je cherche à produire une image émancipée, une  « image pensive » pour emprunter l’expression de Jacques Rancière. Dans cette perspective, je crée, dans la rudesse d’espaces parfois violents, contraignants, des sortes d’épiphanies, d’improbables situations poétiques et (ou) métaphoriques et je m’appuie sur la matérialité de la photographie pour donner chair à des imaginaires puissants. J’aime à jouer de l’ambivalence de la technique que j’utilise, des lieux que je photographie, des univers et des histoires suggérées. Mes images se veulent aussi littéraires et picturales, elles racontent des histoires où peuvent se rencontrer parfois la grande et la petite histoire. Idéalement elles tendent à passer du statut de l’image à celui de l’objet.