« L’obsolescence de l’homme » est le titre de deux recueils d’études de Günther Anders écrits il y a plus d’un demi-siècle et pourtant d’une criante actualité. Selon Anders, il y a quelque chose de périmé en l’homme, son humanité elle-même. Date du début de péremption : 1945, quand se conjuguent la découverte d’Auschwitz et les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki.
Avec la déréalisation du monde, la déshumanisation du quotidien, la marchandisation générale, la récurrence des guerres et des génocides, Anders avait vu juste, « l’univers sans l’homme » expression empruntée à Beaudelaire, est devenue réalité. Le terme anthropocène apparu en 2000, décrit l’ère capitalo-industrielle où s’imprime, jusque dans les strates géologiques de la planète, l’action tellurique de l’homme. Omnipotent, l’homme modifie sa condition en déréglant, par sa seule action, l’environnement et le vivant générant ainsi écocide et anthropocide. En s’éradiquant par sa propre volonté, tout se passe comme si l’homme relevait d’une nature morte.
Cette série d’images métaphoriques consiste à explorer le liminal, ce qui est à la limite de nos perceptions, ce qui est tout juste perceptible. La figure humaine s’efface progressivement pour n’être plus figurante et devient image sans puissance figurante. On assiste à la disparition de l’humanité qui n’est plus que fantomatique. Comme à Hiroshima, en témoigne muettement l’ombre spectrale qui git au sol.
Naissent alors des perceptions désincarnées du monde, des paysages post-humains, entropiques.